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Moscou... Et depart pour la Siberie!

Si St Petersbourg nous a paru une grande ville tres dense après l'Estonie, Moscou nous aggresse franchement fort après les 8 jours de pleine nature que l'on vient de vivre.

On est hyper contents d'etre arrives la, mais c'est un peu dur, et ca n'est pas juste le contrast.

Moscou est la plus grande ville et de loin que l'on découvre à vélo, et elle n'est pas, mais alors pas du tout, faite pour ça. D'énormes axes sillonnent la ville de part en part où circulent vite une multitude de hummers énormes, de berlines pressées et de vieilles bagnoles qui ne connaissent pas le contrôle technique, en attestent les nuages de fumée qu'elles dégagent.

Les immeubles s'accumulent presque anarchiquement, une église aux toits cuivrés se retrouve accolée à une station service elle même encadrée par une voie rapide et un immeuble de béton...

Et la ville se construit, de partout. Il n'est presque pas de lieux où l'oeil ne voit une grue, des pavés ou tuyaux en attente, une palissade noyée dans un nuage de fumée, des trous béants dans la chaussée. Tenter de circuler à travers ça à vélo quand on fuit les routes n'est certes pas impossible mais assez horrible. Notre expérience du périphérique moscovite à l'heure de pointe pour rejoindre la famille qui nous héberge en banlieue, à 28km de notre auberge de jeunesse de la première nuit, n'est pas pour rien dans notre rejet de la ville... Bon et c'était un peu débile de faire ça!

Moscou c'est aussi la capitale du plus grand pays du monde. Elle a une histoire incroyable, des monuments atypiques, des populations très mixtes et presque personne qui parle anglais. On s'éloigne vraiment de l'Europe et on est venu jusqu'ici à vélo!

La famille qui nous héberge parle très bien anglais, ils ont beaucoup voyagé (en stop!) dans toute l'Asie, traversé les Alpes à vélo avec leur petite fille et seront au Vietnam en même temps que nous : on est tombé sur des gens qu'on comprend!

De chez eux, en train+velo ou metro,on découvre la ville. Le coeur de la ville est plus agréable mais il y a toujours ces véhicules partout sur de grosses routes où ça klaxonne et roule trop vite. Et il y a surtout, pire que le tourisme, ce luxe omniprésent à côté d'une grande misère. On voit ce contrast insoutenable dans beaucoup de grandes villes mais ici tout semble plus grand, plus decomplexe.

Kris ne s'y fait pas du tout, peut être aussi parce qu'il s'est fait interdire l'entrée d'une cathédrale car son pantacourt ressemblait à un short,et c'est mal, tandis qu'on m'a fait enlever le mien de short qui était sur un legging : c'est vrai, c'est plus respectueux d'être en collants moulants dans une église!

On a quand même bien fait nos touristes : au Kremlin, dans les cathédrales, dans le métro et ses stations de luxe, dans les grands magasins et cafés d'il y a un siècle... Et on a bien mangé, notre truc préféré dans les villes parce que, même au repos, on garde l'appétit des cyclistes!

On a beaucoup apprécié les parcs, nombreux, grands, aménagés ou plutôt nature. Certes très fréquentés mais comme tout dans cette ville surpeuplée.

Et c'est en s'y promenant que nous avons attendu le jour du départ de notre train pour Irkutsk.

Nous sommes partis le dimanche 30 août à 13h pour un voyage de 80h. Et nous avons bien failli rester sur le quai avec nos vélos que nous n'avions pas correctement enregistrés. J'étais pourtant tellement fière d'avoir su acheter les billets depuis st petersbourg, seule et en russe, en précisant bien "dwie villacipièdié". Mais non, 20min avant le départ du train, on n'a pas le bon billet pour les bagages et une dame peu commode (l'absence de compréhension réciproque y est pour beaucoup) nous demande ce qu'on compte faire avec notre bazard. Je cours à travers la gare pour trouver le bon guichet, et c'est pas gagné, tandis que Kris se fait traduire par une jeune femme l'agacement de la controleuse. On s'en sort, bien sûr, mais avec du stress. Et nos vélos sont bien à l'abri dans un wagon tandis qu'on rejoint le notre, ruisselant de sueur. C'est donc parti pour 4 jours de transsibérien.

Depuis qu'on raconte notre projet, beaucoup de gens se sont extasié du fait que l'on prenne ce train pour aller en Sibérie, "J'aimerais trop le prendre un jour".

On comprend qu'un chemin de fer voulu par un tsar à la fin du 19e siècle et qui parcourt les plus de 9000km de la Russie d'Est en Ouest fasse rever. Et puis ca nous emmene en Siberie!!

Mais nous ça nous angoissait un peu 4 jours dans un train, enfermés pour 80h dans un endroit confiné avec plein de gens. La promiscuité sans l'intimité, longtemps, très longtemps.. Ca nous fait moins rêver.

On voyage en couchettes superposées en 3e classe, la 'plaskarta' que nous avons volontairement choisi pour son prix et pour rencontrer des gens. Nous ne sommes donc pas en compartiment mais dans un wagon composé de petits espaces traversés par un couloir menant aux toilettes, au samovar qui fournit en eau chaude 24/24 et à la cabine de nos chefs de wagon.

On ne peut s'assoir que sur la couchette du bas, où l'on fait face aux 2autres couchettes dont nous sommes séparés par une petite table. 2 couchettes latérales ferment notre espace. Autant dire qu'on profite des arrêts, nombreux, p Et dans le couloir entre les autres couchettes, Notre stock de thé y est presque passé! Bon, ça ne fait pas beaucoup de mouvement. Mais il y a le paysage. Et on a appris qu'ici l'automne débute aujourd'hui, le 1er septembre (j'écris dans le train! ). Ce qui explique les couleurs flamboyantes qui défilent sous nos yeux et agrémentent les fleuves, les marécages ou les villages de maisons de bois à l'architecture souvent bancale.

On enchaîne les parties d'échecs (heureusement qu'on en a trouvé un!), les gros livres sur nos liseuses, la découverte du train (des wagons quoi), des "échanges" avec des gens qui nous donnent sans cesse à manger, avec deux russes soûls qui tentent d'expliquer un jeu de cartes à Kris (le "fou"... Et on a rien compris! ), avec une jeune prof d'anglais qui a loupé la rentrée scolaire pour aller voir Linkin Park à Moscou, avec une ado en mini short aui veut pratiquer ses 20 mots d'anglais, une adorable dame kirghize qui a laisse ses deux enfants a Bishkek et vient travailler en Siberie pour gagner de l'argent...

Et on dort. N'importe quand. Du moins on essaye, jusqu'a ce qu'on y arrive plus du tout. Surtout Kris dont les pieds dépassent tellement de sa couchette que les gens qui passent dans l'allée le réveillent.

On fait 2 heures de sieste toutes les 12 heures et on se prend fort le décalage horaire : les horloge du train et des gares indiquent l'heure de Moscou alors qu'en roulant autant vers l'est on prend 1h30 de décalage par jour. Résultat, dès le 3e jour il fait nuit à 17h ... Notre train arrive à donc Irkutsk à 21h, mais heure de Moscou, en vrai, 2h du matin en Sibérie! (et non, bien sur, on n'avait pas reserve d'auberge pour l'arrivee...). Le premier train de nos vies qui nous 'jetlag'!

Bref, on a pris un train sans changement qui traverse le pays le plus grand du monde. C'est à la fois horriblement trivial, ce train, cette monotonie, notre léthargie, et assez excitant. C'est par ce train que nous avons quitte la Russie occidentale pour la Siberie, auprès du lac Baikal, la plus grande réserve d'eau douce au monde. Il nous a emmene en Asie pour la première fois de nos vies...

Alors on ne pourra plus dire qu'on est venu jusqu'ici à vélo. Mais au moins on y sera. Et c'est quand même un bout de chemin par voie terrestre!

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