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Tordons-leur le cou!

Avant de partir pour ce premier grand voyage à vélo, nous nous sommes préparés à beaucoup de situations et nous sommes projetés avec les informations qui nous arrivaient. Le voyage n'est pas fini, mais déjà il y a quelques idées auxquelles il faut tordre le cou. Commençons par les "animaux sauvages". Combien de fois avons nous été mis en garde contre les animaux sauvages qui pourraient être attirés par nos sacoches de nourriture et "surpris par notre présence", pourraient s'en prendre à nous? Et cette mise en garde nous a été rappelée jusqu'en Chine. Soyons clairs, c'est la peur du grand méchant loup des histoires pour enfants qui fait dire cela aux gens. Vous savez, l'allégorie qui court après le chaperon rouge. Ce loup là ne vaut plus un clou à présent, nous sommes grands. Les grands prédateurs, cela fait longtemps qu'ils sont soit dans des zoos, soit dans des zones très reculées ou alors ils ont bien compris qu'il fallait vite se carapater quand il y a de l'humain dans le coin. Tous les autres sont en forme de carpettes et de trophées. Nous avons vu 2 loups sur les plateaux tibétains, c'est tout. Quelques biches en Europe (houlala!) et des lapins mais Kris n'a rien pour chasser. Il serait de toutes façon incapable de tordre le cou même d'une volaille pour la tuer. Concernant les loups, nous sommes passés dans des régions où les prairies regorgent de bétail. Vraiment, il aurait été bête de leur part de s'en prendre à des humains quand ça grouille d'animaux bien plus alléchants alentours. Depuis le sud de la Chine et, de ce que l'on a vue de l'Asie, dans les villages que nous traversons, les volailles, les cochons, les vaches et toute la basse-court vont et viennent en liberté. S'il y avait quelconque prédateur pour les animaux à une époque, ils ont disparu depuis bien longtemps. Alors pour nous qui campons dans les champs... Le risque est nul. On dit aussi souvent que les chiens sont dangereux pour les cyclos. On a eu la chance de ne croiser des chiens dangereux qu'au bout d'une chaîne. C'est d'ailleurs sûrement pour ça qu'ils faisaient si peur, ils devenaient fous d'aboyer, attachés et impuissants, toute la journée. Les autres, quand ils ne nous fuient ou ne nous ignorent pas, se contentent d'un jappement et 2-3 foulées vite dissuadées quand on leur crie dessus. Certes, c'est notre expérience. On n'est peut être pas passé dans des zones avec trop de chiens. Et, chaque fois, ils étaient suffisamment domestiqués pour abandonner les poursuites quand on était autoritaire. Mais pour le coup, au fil des rencontres, on a croisé un Français avec une trace de crocs dans les sacoches, alors peut-être qu'on a été chanceux? En fait nous luttons énormément contre les insectes. Fourmis et moustiques en premier lieu. Le danger n'est pas mortel, mais nous avons déjà retrouvé notre nourriture à moitié mangée par une colonie de fourmis et quand on touche à notre pitance... On n'apprécie pas du tout! Après cela, l'animal le plus sujet à problème est ... L'humain, bien sûr. Nous sommes parfois l'objet de mauvaises intentions, effectivement. L'arnaque et le "prix touriste" sont les plus courantes. Et plus l'on s'approche d'une ville, plus les risques grandissent. D'autant plus si la ville a une part d'économie liée au tourisme. En campagne, là où nous passons l'essentiel de notre temps, nous avons arrêté, après quinze jours, de mettre tous nos sacs dans la tente pour dormir. Bien entendu nous ne dormons pas n'importe où non plus. Comme beaucoup de gens, nous aimons dormir au calme et prêtons une grande attention à trouver des petits coins isolés. Néanmoins, à chaque fois que quelqu'un est venu jusqu'à notre tente, ce fut toujours avec de bonnes intentions, au pire avec curiosité. Une seule fois pour nous dire de partir, et ça tombait bien on s'en allait! Encore une fois le vilain monsieur qui éventre la tente pour nous violer ça sort des histoires pour enfants, ou de tragiques faits divers minoritaires. Pour un sordide rappel, dans 90%des viols, la victime connait déjà le violeur depuis longtemps. Quand on dort au milieu de nulle part et la seule lumière que l'on a est celle des étoiles et de la lune (quand il y en a), les rares personnes qui passent sont plus surprises qu'autre chose de notre présence et parfois s'excusent même du dérangement. Les mauvais garçons ne vont pas regarder les étoiles dans les cieux des campagnes. Et ni nous ni les nombreux cyclistes croisés n'avons fait de mauvaises rencontres nocturnes, les anecdotes désagréables se déroulant plus souvent dans les grandes villes et de jour...

Nous avons croisés deux filles qui roulent en solitaire. Comme nous roulons en couple, on pourrait dire que l'histoire du violeur nous concerne peu. Elles racontent que le plus harassant est l'agression morale car, effectivement, elles ont des "propositions" plus que souvent. Des propositions qui vont de la demande en mariage à la demande de sexe pure et simple, en passant par la négociation en chameaux ou en contrepartie d'un passeport plus rapide. Ceci pouvant arriver plusieurs fois par jour en fonction des cultures des pays traversés. Comme elles disent: "c'est chiant! Il faut le prendre avec le plus de légèreté possible car chacun des hommes qui fait la 'blague' n'a pas conscience d'être le 1000eme à la faire". En contrepartie, être une femme seule leur apporte beaucoup plus d'opportunités de rencontres et il leur arrive bien plus souvent qu'à nous de se faire inviter dans une famille pour dormir. Fredrika, une suédoise partie seule pour un tour du monde, a passé 28 jours en Iran et à eu 32 invitations à dormir dans un foyer par exemple. On pourrait donc en conclure que les hommes sont de gros lourdauds mais ça ne serait pas une grande découverte... Et qu'une fille seule ne craindrait rien de plus en voyage que dans un bar le samedi soir. Nous sommes effectivement en position très vulnérable en voyage à vélo. Mais en fait, les gens ont plutôt tendance à constater cette vulnérabilité et à s'en inquiéter plus qu'autre chose. Les cas d'agressions et de vols dont nous avons vent se passent bien souvent en journée et pourraient tout aussi bien vous arriver, où que vous soyez. Ce genre d'informations circulent vite d'ailleurs. D'un côté, sur les routes, il n'y a pas énormément de cyclistes et l'on se croise assez régulièrement. D'un autre, Facebook nous permet de suivre beaucoup de personnes et de "communautés". Nous constatons aussi par ce biais que, finalement, il n'y a pas tant d'accidents que cela chez les voyageurs. L'accidentologie semble même plus élevée en ville apparemment. Bien que nous soyons sur les routes 6h par jour, nous avons bien moins souvent peur de la circulation ici que dans notre vie Lilloise...

Une des images erronées que l'on peut avoir du voyage dans de lointains pays vient aussi de ce que l'on voit souvent en cartes postales, brochures touristiques ou blogs des copains... C'est sûr, des paysages majestueux exotiques on en voit plein. Et on est trop contents de pouvoir les partager. Mais parfois, on se contente du positif, du beau cliché qui caches câbles électriques en paquet de douze, sachets plastiques comme s'il en pleuvait , verrues touristiques en béton et autres salopages en tout genre. Alors, si ce n'est pas vraiment une idée reçue, on voulait rappeler que c'est aussi très dur de constater qu'il ne reste pas vraiment d'endroits non souillés. C'est sûr, on reste sur des routes et sentiers, mais du Baïkal au Gobi en passant par le plateau tibétain et autres montagnes laotiennes, on est sidéré de voir combien c'est pollué partout. Et ça, ça fait toujours mal.

Ce qui fait moins mal par contre, c'est la nourriture. Parce qu'on nous a souvent demandé si on mangeait à notre faim, si la gastronomie française ne nous manquait pas... Eh bien non. Pas du tout. On ne cracherait pas sur un plateau de fromage, un bon vin ou du pain beurre. Mais ça ne nous manque pas. Mieux, c'est toutes les découvertes culinaires du voyage qui risquent de nous manquer. Car, partout, même avec notre prisme français et nos réticences, on mange très bien. Et on se régale. Certes, à vélo, on cuisine souvent et on se retrouve parfois avec du lyophilisé qui fait pas rêver. Certes aussi, quand on n'est pas de gros mangeurs de viande comme nous, certains pays sont plus durs... Mais partout, on a fait des découvertes culinaires extras et on s'est régalé. Et, dans toutes les grandes villes on peut facilement céder à la pizzeria, la French cuisine ou le burger. Mais bien souvent, on préfère le borsh, le kashka, le canard laqué, le sticky rice, le bun bo... Enfin, et il faut bien le dire, nous sommes conscients d'avoir énormément de chance! Nous la provoquons, certes. Nous n'avons pas de "la chance d'être en voyage" : nous l'avons choisi. Mais au quotidien, rencontrer la bonne personne, trouver le bon abri pour la nuit, le marché regorgeant de fruits quand approche l'heure de manger et ne pas avoir fait de mauvaises rencontres jusqu'à présent c'est de la chance aussi. Nous faisons tourner la roue du hasard tellement plus souvent que dans notre vie sédentaire que nous ne pouvons que nous réjouir du nombre de fois où elle s'est arrêtée sur "jour de chance!". Être à deux et en couple est une force aussi. Même si apparemment cela nous prive de certaines rencontre, ça nous en évite d'autres moins plaisantes. Un peu de bon sens et d'observation avec cela et le voyage est un régal. Pourvu que cela dure...

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