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L'aventure, c'est l'aventure!

Jusqu’à présent c'était facile, ou presque... Alors on s'est mis quelques handicaps.

Pour Amélie une bronchite et une tendinite au genou, pour Kris un pédalier cliquetant (même panne qu'Amélie en Pologne, chacun son tour) et une bonne gastro ou indigestion bref on connaît pas le nom mais vous savez les effets...

Nous avons donc quitté Oulan Oude après deux jours de récupération. Une ville mi-russe mi-mongole qui, en dehors de l'enoooorme tête de Lénine et de la manie des russes pour les monuments à la gloire de 41-45, est plutôt agréable.

On vous recommande le marché couvert et la deuxième marchande de miel sur la gauche. On n'a pas craqué pour une chapka mais ça donne une idée de la rigueur de l'hiver. Nous avions un peu plus de 600km pour oulan bator et deux grandes inconnues : la qualité de la route et le temps qu'il ferait.

On a été plutôt gâté dès la sortie de la ville. La route en bitume serpente et passe dans des vallées aux paysages époustouflants, de ceux dont on rêvait et qui nous motivaient à pédaler jusqu'ici.

Nous rythmons nos étapes au grès des cours d'eau et rivières où nous filtrons l'eau nécessaire. Les petits villages sont l'occasion de croiser le "charmant regard accueillant" des vendeuses des магазин où nous achetons 1kg de pain chaque jour. Nous récoltons de plus en plus de Klaxon d'encouragement, de nourriture offerte et de regards médusés. Dans les villages la vie se suspend le temps de notre passage. Sur la route, on se demande toujours si celui qui se retourne est celui qui conduit ou non : ici, pas de règle sur le côté où se trouve le volant.

Selon la vallée, nous mangeons avec des vaches, des chevaux ou des chèvres. Même si l'on sait que ces premières sont inoffensives, il n'a pas été facile de garder cette certitude devant leur naseaux soufflants quand on s'est retrouvé, en train de manger, sur la route d'un troupeau se rendant au point d'eau.

On ne se plaint pas du relief, il participe à la grandeur du paysage (surtout après 5000km de quasi plat) et malgré les 12 à 14% pour les plus raides, on sait qu'après la côte vient la descente "à fond de balle" dans un nouveau décor qui nous fait pousser des youhouuuu! (Un record à 64km/h vent de face nous rend fier comme des poux)

Nous avons crevé! Pour la première fois en 5600km, Amélie a la roue avant à plat. Son pneu est constellé d'épines qu'on enlève avec minutie à la pince à épiler. Kris jubile de ne pas être le premier! Mais en nettoyant son pneu, une épine arrachée fait pschhhhhh... Une crevaison partout. Balle au centre!

Côté russe, à part perdre la route (on a l'air bête quand une montagne se dresse entre nous et la route) et se faire accueillir par des moines, le voyage est un long fleuve tranquille à l'image de celui que nous longeons toute une journée.

Le temps est splendide, on se trouve chanceux chaque jour. On prend meme un petit coup de soleil. La nuit pourtant, c'est autre chose. Et la temperature chute brutalement des la tombee de la nuit. On arrive a dormir comme des bebes grace a notre materiel (merciiiii a tous ceux qui y ont contribue, vous nous tenez au chaud!). C'est une autre histoire le matin...

C'est en cherchant de l'eau ("route vers eau, oui?" Traduction littérale en Francais de notre question) que des moines bouddhistes du premier temple russe (construit en 1750 et reconstruit après les soviétiques) nous ont proposé de l'eau puis un repas complètement inattendu à 17h00. La table était pourtant déjà pleine de mets dont on nous fourre les sacoches en partant. Notamment de la сметана (prononcer smetana) cette sour cream russe à cheval entre le beurre et la crème fraîche qui n'a pas duré 24h!

La frontière est une aventure à elle seule dans laquelle nous avons surtout été spectateurs de ce qui nous arrivait.

Après 65km de route venteuse nous arrivons un peu stressés dans la file de voiture : nous n'avons pas de visa, pas de monnaie mongole (on en a oublié le nom et on ne connaît pas son cours d'ailleurs...) et quasi plus de roubles (350 précisément ce qui fait 5€). On est vite accosté par un groupe de jeunes russes saouls qui offrent une boisson "au cognac et à l'amande" à Kris pour qu'il trinque. Ça ne nous a pas aidé. Puis on se pointe à la barrière de la douane elle même. Très vite on comprend qu'à vélo ça ne sera pas possible. On nous conseille même la gare à 60km... Avant même d'être désespérés, nos vélos se retrouvent dans la benne de la camionnette d'une mongole cinquantenaire qui nous calcule à peine. Désemparés à l'arrière de sa camionnette elle nous fait passer les contrôles drastiques (et pour nous, d'un autre temps) au pas de charge. Elle est tellement pressée qu'elle nous prend le stylo des mains pour remplir la fiche d'immigration et y mettre son adresse. C'est grâce à elle aussi que nous ne subirons pas le contrôle des bagages qu'un garde veut imposer (et sûrement le backshich qui va avec). Nous entrons ainsi sans trop y croire en Mongolie pour la somme de 400 roubles que nous pouvons payer à cette dame grâce aux 100 roubles que l'un des jeunes russes nous a donné en signe d'amitié... Encore un enchaînement d'événements heureux autant qu'improbables.

Nous sommes donc en Mongolie! Dès la frontière c'est gigantesque. Des steppes à perte de vue entourées de montagnes où éclatent des orages. Le tout sur fond de soleil couchant donnant un côté surréaliste à ces paysages grandioses (oui on en fait beaucoup sur les adjectifs mais c'est pas volé).

Dès le premier soir nous dormons dans la steppe mais nous sommes loin des aventures du second jour. Celui où nous réalisons l'un des défis les plus osés que l'on nous a posé et dont nous rêvions de toute façon: dormir dans une yourte.

La journée ne fut pas exempte de paysage. L'appareil photo à crépité et on ne savait plus couper la caméra.

Le vent qui nous poussait gentiment jusqu'à présent devient inquiétant. Ayant fait nos kilomètres quotidiens nous cherchons à nous arrêter... Problème: pas un arbre, pas un caillou pour s'abriter. De la steppe, encore de la steppe. On se pose de serieuses questions quand un cavalier vient vers nous. Un vieux bonhomme portant l'habit traditionnel mongol (le Deel, le chapeau, les bottes de cuir recourbe...). Petit, ridé, presque bancal mais gardant fière allure sur sa selle. On ne comprend rien de ce qu'il nous dit et mime si ce n'est qu'il faut le suivre pour dormir au chaud. Nous voilà chevauchant nos vélos en suivant un cavalier moins à la peine que nous dans les chemins de sable.

En haut de la colline il y a 3 yourtes, des chiens qui aboient sur nous et un vent terrible. Nous sommes largués. Le bonhomme semble nous laisser à notre sort et rentre dans une yourte sans un seul geste pour nous. Ça dure longtemps et on envisage de laisser tomber...

Finalement, il nous fait signe d'entrer dans la plus grande des trois yourtes.

Et la, tout s'enchaine. La maitresse de yourte (qu'on appelle "ger" en Mongol), nous sert un thé au lait, salé, avec du beurre, le süütei tsai. Elle nous offre aussi des "gâteaux" et une sorte de fromage "frais" chelou qu'elle a l'air de faire elle-meme. En fait de gateaux, ce sont des fromages dits Byaslag qui ont un gout acre (DEGUEULASSE dit Kris) et que l'on a un mal fou a finir. On ne touchera meme pas au aaruul qui ne promet pas mieux.

Le vieux mongol continue d'essayer de nous parler et mime plein de choses qu'on ne comprend pas, si ce n'est qu'on peut dormir ici. Il nous fait enfin servir un bol de arkhi, la "vodka" mongole obtenue par distillation du lait. Et c'est pas si pire!

Et puis il s'en va.

Apres un leger malaise, arrive l'homme de la yourte ... A la fois surpris et content de nous voir, il s'interesse vite a Kris, a tout ce qu'il y a dans sa sacoche de guidon et nous fait gouter... La bassine de viande! Ou plutot, de gras, que l'on coupe au coupeau et trempe dans le the...

Completement bloques par la barriere de la langue et du mime aussi, Kris sort les ballons a sculpter et leur montre quelques figures. Sainbchyan, l'homme, est trop fort. Il arrive presque du premier coup a gonfler un ballon!

Il nous montre aussi les medailles que son fils a gagne a l'age de 3 ans en course de vitesse a cheval et emmene Kris sur sa moto, sous une pluie battante, pour ramener le troupeau de moutons et chevres a grands coups de klaxon...

Au repas, nous mangerons des nouilles de riz avec de la viande (et du gras!) bouillie, cuit sur le poil central qui chauffe a la bouse de chevre. Nous sortons aussi des choses a manger de nos sacoches, dont des noix de cajou qu'ils n'avaient jamais vu.

Pendant ce temps la, le vent a forci. Nos velos sont au sol... Et il se met a pleuvoir fort. Vraiment fort.

Ganchimeg, la femme, doit ecoper l'eau qui s'infiltre de partout. Et la temperature chute.

Au milieu de la nuit, couches sur nos matelas a meme le sol, nous pensons la meme chose quand cessent enfin les "plic ploc" : chouette on va pouvoir reprendre la route! ET NON!

La neige, ca fait pas de bruit... Et quand on ouvre la porte de la yourte au matin, la steppe et toute blanche , l'air est glacial. Ca signe la fin de l'aventure a velo.

Nous laissons nos hotes pour rejoindre la "ville" la plus proche, et joindre Oulan Bator

en bus.

On est a la fois triste que cette superbe route s'abrege mais, au chaud dans le bus, nous constatons que la fin du trajet pour la capitale est tres frequente, et que peut-etre nous avons eu la meilleure part.

En tout cas, on a vraiment grave kiffe la Siberie et cet echantillon de Mongolie.

C'est quoi la suite ?

PS : notre style d'ecriture peut paraitre confus car on se cite tous les deux. Mais comme on ecrit a 4 mains et 2 cerveaux c'est le plus simple pour nous.

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