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On n'a pas été privé de désert!

Chargés de 20L d'eau et d'au moins 4 jours de nourriture liophilisee, nous partons à l'assaut du désert de Gobi. Cette "traversée du désert" nous tenait à coeur depuis la préparation de ce voyage. Les conditions météo nous ont fait craindre de devoir l'annuler et nous sommes d'autant plus content de pouvoir la tenter.

Au programme : 650km de rien jusqu'à la frontière chinoise. Une distance qui nous aurait effrayés il y a quelques mois, nous parait très accessible à present, même chargés comme des mules.

Le rien se gagne doucement. Il faut d'abord sortir de la ville et de ses abords.

Et au fil des jours, chaque fois que l'on pense qu'il n'y a plus rien autour de nous, on se rend compte, quelques dizaines de kilomêtres plus loin, que l'on pouvait encore enlever des choses. Les habitations d'abord, puis les habitations nomades, les troupeaux et les clôtures. Ensuite la végétation s'amenuise et s'assèche pour devenir touffes d'herbe (celles qu'on voit tournoyer dans les westerns, les tumbleweeds). Puis ce sont les reliefs qui s'applatissent et enfin les couleurs qui s'appauvrissent.

Les pilones électriques finnissent par disparaître, tout comme la ligne de chemin de fer, nous laissant rouler sur une espèce de ligne d'horizon, écrasés entre le bleu du ciel et l'ocre de la terre sableuse.

Ce "rien" autour de nous nous a procuré une forte sensation de liberté. Pouvoir rouler pendant des heures, jusque là où le regard porte (dont on devinera que c'est 20 à 25km, pas plus), sans rencontrer le moindre obstacle, est une sensation étrange pour nous, habitués à des espaces remplis. La seule trace d'urbanisme (la seule trace tout court!), et pas des moindres, est un fin ruban de bitume tellement lisse, roulant et peu fréquenté qu'on se sent gaploper en liberté.

Les kilomêtres défilent. D'autant plus quand le vent nous pousse. Nous savons que dans le désert il peut être fort, très fort, et nous prions juste pour ne pas l'avoir de face. Nous alternons jours de galere et journées record.

Le vent du Sud nous ralentit, chaque kilomêtre est mérité. On l'a de front mais il est moins fort que le vent du nord et nous apporte du réconfort : on ne descend plus en dessous de zéro la nuit! Les journées sont chaudes et plus calmes. Nous nous arrêtons ,même un peu plus tôt pour jouer aux échecs au milieu de rien (c'est très souvent Amelie qui gagne mais Kris s'entraîne dur).

Le vent du Nord est glacial et très soutenu. Les fortes rafales nous font faire des performances, c'est un plaisir de rouler si vite dans ces paysages sans limite. Le prix à payer est qu'à chaque arrêt, saoulés par ce vent constant, nous sommes transits de froid et nous n'avons aucun refuge. La voie de chemin de fer et les contreforts de la route seront, les pires nuits, des abris préférables aux assauts continus du vent.

La monotonie du paysage est rompue par quelques villes et hameaux qui feront nos étapes de ravitaillement. Nous fêterons ainsi a Sainshand nos 6000km ainsi que nos 4 mois de voyage dans un hôtel tout neuf, bien content d'etre a l'abri d'un début de tempête.

Le lendemain, le vent ayant tourné en notre faveur, nous lançons la grande cavalcade pour sortir du désert. Avant même d'en avoir assez de ces paysages un peu monotones, un vent de 55km/h nous pousse vers la Chine. Nous explosons toutes nos prévisions et allons deux fois plus vite que prévu pour atteindre la frontière.

Le passage est moins épique que l'entrée en Mongolie mais toujours soumis à des règles aberrantes à nos yeux. A la désagréable sensation de ne pas être maître de ce qui nous arrive s'ajoute l'obligation d'entrer dans un "manège" de véhicules dont la seule activité est de faire passer la frontière dans un sens puis dans l'autre. Malgré une tentative "innocente" de s'engager à vélo dans la zone frontalière, pas moyen de l'éviter... et c'est payant évidemment! C'est même un militaire mongole qui nous fait monter dans un 4x4 (des jeep militaires usées jusqu'à la corde) et nous indique le prix (15000 tugruk).

Après quelques tracasseries douanières où personne ne comprend rien et deux heures à attendre dans le vent froid, nous sommes déposés côte chinois.

Tout en restant dans une zone désertique (la province chinoise Mongolie intérieure porte bien son nom)

nous en avons fini avec LE désert. Les villes sont plus rapprochées et le désert plus rempli. Nous entrons dans le pays le plus peuplé du monde et même sa province avec le moins d'habitants nous parait bien occupée.

En sortant du désert nous savons que nous irons jusqu'à Pékin à velo. L'hiver qui nous poussait vers le Sud ne nous a pas privé de désert (uhuhuh) et c'était bon!

La question se pose maintenant de savoir si le plus dur est derrière nous...

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