top of page

Sometimes shit happens

Nous avions fixé le départ au mardi précisément 2 semaines après notre arrivée. Sur les conseils de Ray, notre hôte, nous choisissons, à contre coeur, l'avion pour éviter l'envoi séparé de nos vélos (apparemment les trains n'acceptent pas les gros bagages). Après avoir fait nos au-revoir, nous partons à 6h du matin pour l'aéroport de Nanyuan, sans savoir qu'il s'agit de l'aéroport le plus pourri de Pékin. Pas qu'il soit plus loin qu'un autre, juste très mal indiqué et le GPS nous envoie dans un quartier misérable jouxtant l'aéroport mais séparé par une grande palissade. C'est pas grave, nous avons beaucoup d'avance. Nous faisons le grand tour pour trouver l'entrée. D'après Ray, il suffit de présenter le vélo,ils sauront quoi faire. Non, pas du tout.



Ils paniquent. D'abord c'est le refus catégorique. Puis la seule hôtesse anglophone nous fait comprendre qu'il faut tout démonter. C'est pas grave, on est large. Ils essaient de rentrer les vélos dans le portique, et maintenant que ça passe, ils doivent être sous boîte. Bon, il reste encore du temps. Les 2 gars qui s'occupent de la mise sous carton sont des tire au flan et ils refusent de s'occuper de nos vélos. C'est l'hôtesse qui doit les mettre à la tâche dont ils s'acquittent, mal, à prix d'or ET en traînant des pieds. On y est! Eh non, après 2heures passées dans l'aéroport, l'hôtesse nous dit que nous avons manqué l'enregistrement d'une minute et que nos billets promotionnels ne sont pas remboursables... Flottement, doutes, grincement de dents et enfin négociations. Nous obtenons des billets pour le lendemain même heure ainsi que la possibilité de laisser nos vélos encartonnés en lieu sûr. Vexés, nous errons dans Pekin avant de débarquer chez Jeff qui nous remonte le moral en se moquant de nous, mais nous accueille à bras ouverts. Finalement, on a gagné 24h de rab' sur Pékin et surtout avec des copains qui nous manquaient déjà. On réussit finalement à quitter cette ville, sous un brouillard de pollution, direction Lanzhou, la capitale du Gansu, province à 1600km à l'est de Pékin. Le plan initial était de tirer vers le sud (le soleil, la chaleur, tout ça quoi). Finalement, nous cédons à la tentation d'une longue ligne nord-sud sur les contreforts du plateau tibétain, quitte à devoir prolonger nos visas chinois et peut être devoir abandonner l'idée d'aller au Vietnam. On nous a dit "profitez, faites des détours", et celui-là a l'air de valoir le coup, malgré (ou à cause?) de la promesse du froid et des montagnes. C'est armés de nos nouveaux duvets Quechua 15° (en sus de nos plumes bien sûr) que nous atterrissons dans le Gansu. Mais la poisse continue : nous réparons in extremis la roue du vélo d'Amélie mais la manette de frein arrière du vélo de Kris, arrachée, n'est pas réparable. Promis, plus jamais l'avion! On avait des scrupules, maintenant on s'en mord les doigts. Il nous faut 80km pour rallier Lanzhou et 5 boutiques, avant de pouvoir remplacer le frein hydraulique Magura-je-suis-compatible-avec-rien par un bon vieux V-brake Shimano® (non non on est pas sponsorise) que au moins on peut le bidouiller. On est paré pour reprendre la route, on est tout excité. Sauf que, on se fait 4 jours de mauvais temps



sur une route très fréquentée (notamment par les camions et leurs gros klaxons), dans un paysage franchement pas terrible, voire sérieusement moche tant il est industrialisé, et les tunnels de plus de 3km sont franchement anxiogènes. Cerise sur le gâteau, on mange une omelette vraisemblablement avariée qui nous coûte une nuit d'indigestion à Amélie mais cloue littéralement Kris à sont tapis de sol (Thermarest®) pour 4jours. En fait, on arrive à avancer mais tant notre morale que notre moyenne sont sérieusement atteints. Tout ce qu'Amélie arrive à faire manger à Kris est évacué dans les 4h, bel exploit! Le tout en pédalant 60km par jour en moyenne avec un dénivelé certes léger mais constant. On commence à avoir de sérieux doutes sur notre choix d'itinéraire, surtout après avoir passé une nuit sous la neige à 2400m. d'altitde (sachant que nous visons les 4000...).







Dès le 5e jour, le paysage s'améliore et devient vraiment agréable lorsque l'on quitte la grosse route, direction Xiahe. On attend beaucoup de cette ville qui semble touristique : un peu de confort (une douche après 7jours!), de la nourriture assimilable par Kris et la visite du plus grand monastère bouddhiste de type tibétain (les moines à têtes jaunes) en dehors du Tibet. On n'est pas déçu et même ça dépasse nos espérances.






La ville est très touristique car le monastère est immense et attire moines et pèlerins faisant de cette ville un centre important de la culture tibétaine. Nous avons la chance d'arriver hors saison, on ne croise qu'un allemand (à vélo lui aussi!) et quelques touristes chinois. Après une demi-journée de repos et 2 bons repas dont de la viande et du yaourt du yak, nous sommes requinqués. Sur les conseils d'Internet (pas toujours ton ami), nous nous levons bien avant l'aurore pour "profiter des chants des moines et du son des trompes dans la vallée". Mouais, dans une autre vallée peut être. Et pourtant, c'est grâce à ce conseil que nous pouvons, grâce a l'obscurité, nous fondre dans la masse des pèlerins pour emprunter la kora. Ce chemin de 3km qui fait le tour du monastère consiste en de longues enfilades de moulins a prière entrecoupées de stûpas avec de plus petits moulins ou parfois de petites salles avec de gros moulins. Le bruit des clochettes marquant chaque tour ponctue les grincements permanent des moulins a prière et les litanies marmonnées voir fredonnées. Parfois nous entendons racler les plaques de bois protégeant les mains des plus fervents qui s'allongent et se relèvent pour couvrir la distance de tout leur corps. Cette atmosphère feutrée qui précède l'aube nous a permis de vivre une expérience quasi mystique sans, pour une fois, attirer les regards sur nous. Pas de chants ni de trompes et peut être pour cause: aujourd'hui se célèbre la "danse de la paix avant l'hiver". C'est l'une des trois journées de l'année ou se pratique cette danse selon le moine qui nous fait la visite très expéditive des pièces principales du monastère.






Nous sommes plongés dans une fête très populaire. Autour de nous les tibétains sont venus nombreux dans leurs plus beaux atours. Les femmes portent de lourdes boucles d'oreilles, de longues tresses rejointes au niveau des hanches et de larges ceintures métalliques tenant leurs robes aux superbes tissus colorés. Les hommes portent de longs manteaux aux manches deux fois trop longues, ceints aux hanches par un tissu de couleur vive, semblables aux deels des mongols. En plein jour nous faisons tâche : seuls blancs dans une foule de 3 à 4000 personnes et nos doudounes colorées n'arrangent pas les choses. Nous assistons a la danse depuis le coeur de la foule où personne ne nous fait sentir que nous ne sommes pas à note place, juste de la curiosité. Nous trouvons ensuite une hauteur pour mieux embrasser la scène du regard et constater que la danse (assez soporifique) est bien moins intéressante que la foule bigarrée.


La faim nous fait quitter ce spectacle et nous rencontrons un moine dans un restaurant qui commande pour nous 3 des plats typiques tibétains a base de nouilles et de viande bien grasse. Repus nous finissons la journée a flâner dans la ville et regretter de ne pouvoir emporter des souvenirs sur nos vélos déjà trop chargés. Hors, les montagnes arrivent. Nous sommes a 2600m, demain, le premier vrai col nous attend.






Mots-clés :

RECENT POSTS:
SEARCH BY TAGS:
bottom of page