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Des vacances dans le voyage!



Nous avions envie d'une pause! Le froid du Tibet et le chaos de la dernière vallée ayant puisé dans nos réserves. Ya'an est une ville comme on doit en trouver plein en Chine : modeste sur la carte elle se révèle être une grande ville à nos yeux avec ses rues commerçantes (ou chaque boutique cherche à attirer les clients à grands renforts de néons et de décibels), ses ponts multicolores, des vendeurs ambulants de toutes sortes et une multitude de restaurants ouverts sur la rue dont l'absence de façade laisse sortir des odeurs (plus ou moins) alléchantes. Nous déambulons dans cette activité nocturne avant d'aller savourer notre première fondue du Sichuan. Si la fondue (huoguo) est répandue en Chine, celle du Sichuan est agrémentée de piments et d'épices dont le poivre du Sichuan. Après avoir choisi le poisson que l'on souhaite (on le pointe du doigt dans un aquarium de la cuisine et il est pesé encore vivant sous les yeux d'Amélie) on le retrouve 10min plus tard en morceaux dans une grande soupière maintenue chaude par un brûleur au milieu de la table. Il y a apparemment une façon de déguster ce plat et, devant notre embarras, la serveuse nous prend en sympathie, nous montre dans quel ordre tremper les morceaux dans les condiments devant nous et nous apporte des ingrédients pour agrémenter le bouillon. Étonnamment, Kris ne nous a pas gratifié de son nouveau numéro de hoquet (qui se déclenche quand un plat est trop épicé et nous fait bien marrer), peut être grâce à l'étrange boisson sucrée servie avec la fondue et qui apaise nos bouches enflammées. Un régal ! Ya'an nous offre aussi la possibilité de nous venger de notre tentative échouée de voir des pandas. Il suffit de 18km (de grosse montée) sans les sacoches et dans une végétation luxuriante pour accéder à la réserve (Bifengxia panda base). Depuis l'entrée, nous avons le choix entre un bus et 3h de randonnée pour aller voir ces mangeurs de bambou. Comme si nous allions hésiter... On n'est pas venu à vélo pour prendre un bus! La randonnée est un chemin aménagé au fond d'une vallée luxuriante et encaissée. Au milieu des nombreuses chutes d'eau que nous passons, dont "la chute des 1000 pancakes"

qui nous a fait saliver un moment, nous tombons sur une falaise que les maîtres de kung-fu devaient escalader en

libre (i.e sans sécurité !) pour prouver leur maitrise... Kris se sent soudain un penchant pour les arts martiaux : "ça a l'air d'être seulement un 6b!" En plus d'être merveilleuse, cette promenade au milieu de la jungle nous offrira deux chapeaux de fleurs et fougères trouvés au sol qui nous donneront définitivement un air de gros touristes croyant être aux couleurs locales... On en a bien rigolé! En tout cas ça n'a pas eu l'air de gêner les imperturbables pandas.



Occupés à décortiquer minutieusement du bambou, nous avons tout loisir de les observer dans leurs grands enclos. C'est toujours gênant d'observer un animal en captivité d'autant plus que ceux-ci ont des attitudes et des gestes très "humains" et qu'ils se coltinent une flopée de touristes qui les interpellent en espérant qu'ils sourient pour leur selfie (voir qu'ils fassent coucou de la patte, sait-on jamais...). La cerise sur le bambou est la couveuse où d'adorables petits pandas aux yeux encore clos dorment dans de petites panières. Impossible de ne pas fondre devant ces peluches endormies qui se font peur elles-mêmes peur en se réveillant. Même s'ils sont en captivité, l'aménagement de la réserve est bien pensé et nous a permis de découvrir cet animal dont on ne soupçonnait pas qu'il nous toucherait autant. Nous avons pris une journée pour tout cela et nous en sommes très contents! De joie, et sans les sacoches, nous nous lançons comme des dingues dans la descente du retour et Kris essaye de gâcher la partie en s'étalant dans un virage. Pas de bobos, si ce n'est à l'égo...


Sur ce, après un mois et demi en Chine, il est temps de renouveler notre visa. Nous souhaitons le faire dans le Yunnan afin de finir notre périple en Chine à vélo. Lijiang que nous visons pour cela est à 650km au sud et il nous faudra 30h de bus pour y aller! Eh oui, comme Ya'an est une "petite" ville nous devons chercher une correspondance à Chengdu, l'immense capitale du Sichuan dont nous ne verrons volontairement que la gare routière. A notre grande surprise le bus s'arrête de rouler a minuit, laissant les passager dormir dans le véhicule pendant que le conducteur dort a l'hôtel... Nous arrivons enfin à Lijiang sous un soleil de dingue et c'est tout ce que l'on espérait! Nous avions choisi Lijiang parce qu'on peut y refaire nos visa et parce qu'on nous l'a conseillé : la vieille ville est classée au patrimoine de l'UNESCO et se trouve au pied d'une montagne appelée "dragon jade snow mountain". Des notre arrivée nous constatons que c'est effectivement une ville touristique. Auberges et hôtels se multiplient et surtout, l'accès au centre ville historique est payant, ce qui nous dissuade clairement d'y aller. Nous trouvons tout de même une auberge de jeunesse très accueillante avec un petit patio bien ensoleillé et un billard. Non loin de la partie payante, ce sera notre camp de base pour se faufiler a travers les mailles du filet et visiter l'ensemble de la ville.


Le coeur de ville est plus grand que nous l'imaginions et l'architecture est magnifique (sans parler du travail d'éclairage à la nuit tombée). On en fait pourtant vite le tour car les boutiques sont omniprésentes et peu diversifiées. Chaque pas de porte est une échoppe, pourtant on ne dénombre pas plus d'une dizaine de boutiques différentes. Payer pour visiter cela c'est un peu comme mettre un droit d'entrée à la galerie marchande du coin... Nous profitons tout de même de ces rues piétonnes car nous sommes hors saison et qu'il est facile d'éviter le flux de touristes chinois : il suffit de quitter l'axe principal pour profiter du calme des lieux. Nous arrivions pour deux nuits mais devant la ville, les rencontres, le soleil et le visa à renouveler, la flemme nous gagne et chaque jour nous repoussons notre départ. Dans l'hôtel il y a notamment un couple d'Italiens qui voyage deux mois par an depuis dix ans et un Allemand qui lui voyage depuis 16 ans (dont 80 000km a vélo dans l'hémisphère sud). Nous passons deux excellentes soirées à échanger nos expériences et impressions autour d'un verre (chose peu courante depuis quelques temps pour nous!!). Le soleil nous incite a lézarder dans le patio et nous passons des heures a écrire ces articles (dont nous espérons qu'ils vous plaisent) ainsi qu'a jouer aux échecs (Amelie gagne encore mais moins souvent..).


Dans la nouvelle ville nous trouvons un marché

gigantesque et nous offrons un repas de luxe dans un restaurant où nous ne serions jamais rentré si l'hôtesse de notre auberge ne nous y avait pas donné une méga offre sur une fondue pour trois personnes (mangée à nous deux bien sûr!). L'obtention des visas se passe aussi facilement que nous aurions pu l'espérer. Et bientôt nous n'avons plus d'excuses pour prolonger ces micro vacances.


L'appel du vélo se fait entendre et nous voici en route pour les Gorges du Saut du Tigre, un détour vers le nord avant de descendre vers Dali. Alors que vers Ya'an nous avions eu un aperçu des paysages tropicaux, ici nous sommes de retour a une végétation de pins et un paysage façonné par des champs en terrasse, du maïs essentiellement. Après un mauvais spot pour dormir et une arrivée sous la pluie (oui, tout n'est pas parfait dans ce voyage, des fois c'est juste bien) les gorges se révèlent sous un ciel plus clément et wouah! ça valait le détour. D'après la présentation, ces gorges sont plus grandes que le Grand Canyon qui peut aller se rhabiller face a la magnificence des gorges du tigre... (Bref, la propagande habituelle).



N'empêche, grâce à un spot idoine pour notre tente au pied d'une chute d'eau nous profitons de l'endroit. Nous cachons nos sacs et attachons les vélos pour se lancer dans le sentier qui chemine en haut des gorges. La randonnée passe par quelques chutes d'eau et un village. C'est un sentier très facile qui après 4 ou 5h de marche nous donne envie de prolonger le plaisir. Nous engageons une boucle supplémentaire pour aller voir une cascade et une forêt de bambous. Le détour en vaut la chandelle mais il nous coûte 3h de marche en plus et nous rentrons fourbus. On ne sait décidément pas s'arrêter raisonnablement...






Sur les conseils d'un copain grimpeur de Pekin, nous faisons un détour dans le détour pour aller voir Shigu et ses falaises de calcaire. Sur la route nous croisons justement deux cyclistes français grimpeurs eux aussi. Ils sont partis pour un tour de 6 mois en Asie puis 6 mois en Afrique et se demandent comme nous dans quel état seront leurs bras en rentrant... Shigu c'est un gros spot de grimpe en devenir : des falaises partout dans un cadre sublime. Rien que l'accès aux voies est une randonnée a elle seule. Si nous n'étions pas là on pourrait croire que cette vallée n'est pas touchée par le tourisme. Nous fêtons sagement nos 6 mois de voyage avec un groupe de grimpeurs chinois qui nous prêtent du matériel pour grimper le lendemain.


Après, 5 jours de repos, une rando et de la grimpe, il est temps pour nous d'envisager sérieusement de reprendre la route vers le sud.


Et c'est là que nous croisons la route de Fredrika, une suédoise de 24 ans partie seule à vélo en mars dernier pour un tour du monde en 3 ans. Autant dire qu'on a plein de choses à se raconter ! On fait donc ensemble la route qui nous mène à Dali en passant par la petite ville de Shaxi, une ancienne oasis sur la route du thé et des chevaux. Rouler à trois ne change pas trop notre rythme, car Frederika est aussi rapide et flexible que nous, mais apporte un changement dans nos relations et conversations. Et le changement, ça fait du bien.



Après un passage de col un peu (beaucoup!) caillouteux et désert pour rejoindre la vallée où se trouve Dali, nous longeons le magnifique lac d'Erhai sur une improbable "ring road" pour touristes. Le contraste est saisissant, nous roulons sur une route parfaitement bitumée où circulent un tas de scooters et de rosalies multicolores. Le tourisme a gentrifié une bonne partie de la rive du lac, mais de nombreux champs sont encore cultivés à la main aux pieds de l'imposante montagne qui domine cette vallée.



Il nous faut finalement 100 km pour atteindre la vieille ville de Dalí où nous échouons dans la première auberge qui s'offre à nous. La visite de la ville nous révèle encore une fois qu'il est aisé de sortir du flot touristique chinois qui se concentre sur 2 rues qui ont dû être splendides avant d'être le Disneyland de la culture Bai, l'ethnie qui a créé cette ville et en avait fait sa capitale. Comme souvent en Chine, on a cette impression que le tourisme ici réifie encore plus les cultures pour en faire des produits commerciaux. Le reste de la ville est plutôt joli et est agréable même si les "Fameuses 3 Pagodes", symboles de Dali, sont un peu décevantes.

En plus de flâner au marché local (incontournable comme toujours)et dans les boutiques qui vendent de fines lames de roche encadrées formant des tableaux impressionnistes impressionnants, nous visitons un superbe temple Taoïste et surtout le buffet des moines qui sert, pour moins de 1 euro (et même gratuitement le mardi), un buffet végétarien illimité pendant l'Office. Autant dire que c'est devenu notre QG. Après plusieurs jours avec Fredrika et une très chouette soirée babyfoot-bière-billard, nous prenons la décision de prolonger notre trajet ensemble. Comme elle est malade (et nous un peu flemmards), on prolonge notre séjour... Et profite du buffet des moines! Chaque jour de repos (2 donc) devra pourtant être rattrapé : Fredrika doit rejoindre sa famille pour les fêtes et souhaite pour cela sortir de Chine pour ... Noël. Ca nous fait donc 10 jours. 10 jours pour traverser le Yunnan jusqu'au Laos. 900 km par la grande route mais, bien sûr, nous prendrons un itinéraire secondaire un peu plus long. Un chouette challenge ! La veille du départ, un cycliste hollandais débarque dans la cour de notre auberge et reconnait le vélo de Fredrika : ils se sont rencontrés à Shangri-La, au nord du Yunnan, et se retrouvent, petit monde des cyclistes! Après une soirée ensemble, Ritzo, qui voyage seul et va aussi vers le sud, hésite à se joindre a nous pour cette folle traversée du Yunnan. On se demande nous aussi si c'est vraiment une bonne idée...

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