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Réactions en chaîne

Dallat est une des villes que nous souhaitions ne pas louper au Vietnam. Nous y avions un pari à relever mais le roman de Patrick Deville sur Alexandre Hiersin, le découvreur du vaccin contre le Peste et de cette ville, avait particulièrement aiguisé notre intérêt pour ce bout d'Europe en plein Vietnam.

Pour rallier l'ancienne station balnéaire perchée à 1500m, nous troquons nos vélos pour de petites motos de 100cm3, 4 vitesses et qui vont à 75km/h maximum.

On file comme le vent!

Bien sûr, il nous a fallu un moment dans l'impasse de l'hôtel pour comprendre comment on passe les vitesses sur ces engins... Et, forts d'une expérience de 20 minutes, nous nous élançons sur les routes dans l'intense trafic vietnamien.

La veille du départ, pour payer les motos, Amélie est partie faire un retrait et, pour une raison encore obscure, la carte s'est faite avaler par la machine... On est samedi soir à ce moment-là, on se résigne à faire opposition et tant pis. On finira le voyage avec la carte de Kris, ça suffira!

Nous roulons 190km en un jour de motos. Un record pour nous! Avoir un moteur indépendant de nos jambes est assez plaisant finalement. Il suffit de tourner le poignet pour accélérer!

Nous découvrons aussi qu'à moto, les klaxons ne nous dérangent plus vraiment. Entre le bruit de nos moteurs et celui du vent et parce qu'on va plus vite, nous subissons beaucoup moins les pouets pouets incessants. Par contre c'est notre tour de nous venger... Et on ne se prive pas! Oh que ça fait du bien de pouvoir rendre leurs impolitesses à ces chauffards! Ca ne choque personne d'ailleurs. Peut-être parce que, sur la route, nous avons adopté la tenue locale : casque, masque à poussière et manches longues. On y ajoute nos lunettes de soleil et, avec nos vêtements de voyages qui commencent à fatiguer, personne ne nous distingue. Fini les hello-pouetpouet-whatyouname. Peut être que tous ces malpolis qui klaxonnent ne sont que des touristes déguisés finalement...


Dallat se passe très bien. Décidément le café glacé vietnamien est délicieux! Nous réalisons un de nos paris en visitant la "Crazy house", un hôtel-attraction construit par une architecte un peu barrée qui veut "rapprocher l'Homme de la Nature" (et est accessoirement la fille d'un ancien dirigeant du pays).


Puis, pour nous rafraîchir, nous allons nous jeter dans la cascade des éléphants, haut lieu du tourisme local...

Un peu au Nord de la ville se trouvent deux lacs dont la quiétude tranche fortement avec ce que nous connaissons du Vietnam. Nous y passerons une nuit bien calme comparée à la précédente où nous n'avions pas pu trouver un seul endroit non cultivé (des champs de caféiers à perte de vue) qui ne soit pas en proie aux flammes.

C'est quelque chose de récurent depuis un bon moment. Tout brûle ou est brûlé. Des fois, on a l'impression qu'ils mettent le feu aux déchets des récoltes et tant pis si ça se propage à la forêt... Mais on les voit aussi mettre volontairement le feu aux forêts pour laisser place à d'immenses champs de monoculture. Et ça nous arrive de rouler dans un épais nuage de fumée qui donne envie de faire demi-tour. C'est atterrant et triste de voir cela mais on se dit que si l'on ne voit pas ça chez nous, c'est aussi parce qu'on n'a plus besoin de le faire... C'est fait depuis longtemps! Ça nous écœure, mais ils ne sont pas pire que nous. Pour rentrer de Dallat, nous avions repéré une route sur le GPS qui faisait une petite boucle par le Nord. Peut-être que nous n'apprenons pas de nos erreurs, peut-être que nous aimons cela, peut-être que llnous n'aimons pas faire demi-tour...(sûrement en fait) toujours est-il que lorsque la "petite route" se révèle être le pire chemin de terre qu'on ait vu, Kris se dit "youhou super, du off road en mobylette!". Et Amélie, un peu plus sur la réserve (et crispée sur le frein) se dit plutôt "oh nooon du off road avec une mobylette de location...".

Des descentes super raides, de gros passages à guets dont un où l'on se déleste de nos pantalons pour porter les mobs tellement le "ruisseau" est profond. Un super chemin si l'on se promène avec une moto-cross en fait. Tops paysages, authenticité tout ça tout ça. C'est dur mais ça passe. C'est d'ailleurs une fois passé que Kris se rend compte de l'absence de son portefeuille...

La négation n'existe pas pour l'inconscient. Si l'on dit "ne pensez pas à une licorne pustuleuse", l'image se crée tout de même dans votre tête. Eh bien, à force de penser qu'il ne faut pas perdre la deuxième carte bleue parce que la première est morte, Kris a réussi ce formidable exploit de perdre son portefeuille pour la première fois de sa vie avec l'équivalent de 5 à 6 mois de salaire local en liquide (on venait de retirer et on avait de l'argent thaï d'avance...). Résumé de la situation : on n'a plus un sou sur nous, pas assez d'essence pour rentrer à l'hôtel et on doit y être le soir même pour rentre les mobylettes... Passablement énervé, Kris se lance dans un retour (assez musclé) au passage à guet où il a laissé son portefeuille. Ce chemin est si peu fréquenté qu'il aurait été possible que personne ne le trouve en l'espace d'une heure... Force est de constater que l'on a fait un heureux malgré nous.

Par le plus grand des hasards, un cyclo arrive pile à ce moment là. Une apparition absolument magique car il offre gentiment de nous dépanner de quoi payer l'essence et manger jusqu'à ce que nos banques nous envoient du cash quelques 24h plus tard. Tellement sympa!

Il faudra une semaine pleine pour que l'on reçoive enfin une nouvelle carte banquaire pourtant promise en "48 à 72 heures"... Une semaine dont 4 jours bloqués dans l'hôtel parce qu'on nous a dit "aujourd'hui peut être" et que rien du tout "Alors sûrement demain." On est un peu fâché avec DHL maintenant.

Une semaine de repos forcé à Buon Ma Thuot nous a tout de même permis de découvrir une ville vietnamienne pas du tout portée sur le tourisme et pourtant assez développée et ainsi d'apprécier la vie urbaine locale. On y a vu des cours de karaté en plein air à côté du cour de danse et de celui de foot. Un peu plus loin, une piste de roller comme dans les années 50 puis un bouchon incroyable dû aux résultats de la tombola. Toute une vie dans une ville que l'on croyait un peu paumée au départ. Nous aurions pu tombé dans un endroit bien pire finalement.


Le marché est juste à côté de notre hôtel, on s'y fait vite reconnaître et, tous les soirs, nous arpentons le marché nocturne pour trouver un nouveau "restaurant". Disons plutôt un coin de rue où l'on a posé des tables basses en plastique et une roulotte pour les casseroles... La vie n'est vraiment pas chère si on mange local, alors on améliore notre connaissance de la cuisine vietnamienne, du rouleau de printemps DIY aux desserts à base de gelées, haricots, graines de chia et lait de coco.

Le 2 mars au soir, la carte arrive enfin à la réception de l'hôtel pendant que nous désespérons dans notre chambre : nos visas périment le 3 mars! Chaque jour de retard nous a plongé un peu plus dans l'incertitude car il n'est vraiment pas recommandé de sortir du Vietnam avec un visa périmé. Des histoires sur le net parlant de pénalités à payer a Hanoï nous angoissent un peu...


Devant la situation, nous prenons à 6h le premier bus vers la ville la plus proche de la frontière et parcourons les 70km restant à vélo. Nous voilà devant la frontière il est 14h30, on a le temps pour un dernier café glacé. On vous a dit qu'il est sacrément bon leur café? Ah oui? Ben c'est vrai! Bien excités de reprendre la route, nous nous apprêtons à avaler de l'asphalte pour nous venger de cette semaine d'immobilisme. Nous passons la frontière sans s'arrêter par la banque dans notre précipitation et nous voilà sans encombre particulière au Cambodge, sans monnaie cambodgienne...

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